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  • Photo du rédacteurSarah Adida

Tous les visages de Jérusalem

Après ma visite des villes de Bethléem et Hébron, me voici fin prête à découvrir enfin ma fantasmée Jérusalem.


Mais quelle erreur de croire en un unique visage de cette ville vieille de plus de 3000 ans. Son histoire est si riche, entremêlés de conquêtes, de peuples, et de religions, que sa traversée s’emplit de résonnances sensorielles et spirituelles aux multiples échos, aux multiples couleurs du temps.


Au petit matin, je passe la porte de Jaffa, au sud ouest de la vieille ville, donnant accès directement à la citadelle de David. Sur ma gauche, le quartier chrétien et ses églises et basiliques. Je m’oriente dans un premier temps vers le quartier arménien, puis juif, et son dédale de ruelles ocres. Sur mon chemin, de nombreux religieux, orthodoxes ou non, prennent la même route. Je m’aperçois avec un brin de gêne que je n’ai pas couvert mes épaules, dénudées par cette chaleur. Pourtant, plusieurs de ces hommes religieux ne s’en offusquent : ils détournent simplement leur regard à mon passage, sans même accélérer le pas. Je ne lis aucune torture dans leur regard, ni même de surprise…

Après quelques détours dans le labyrinthe du quartier, je trouve enfin la place donnant sur le Mur des Lamentations, puis le Mont du Temple.


Le dernier mur retrouvé du temple de Jérusalem, plus connu sous le nom de Temple de Salomon et reconstruit sous le règne de Hérode, est le plus important et sacré site juif au monde… Je vérifie ceci en constatant sur place les mesures de sécurité impressionnantes qui l’entourent. Mais face au mur, je perçois instantanément toute la spiritualité qui émane du lieu. Il n’est que 8h du matin, pourtant de nombreux juifs sont déjà face au mur en train de prier, se balançant d’avant en arrière en secouant la tête. Couverte d’un châle, je m’approche du côté réservé aux femmes. Dans cette synagogue à ciel ouvert, la ferveur des prières, la douce chaleur du matin, la lumière du soleil levant sur les énormes pierres du mur vieux de 2000 ans, emplissent l’air et l’instant d’émotions, que je pourrais dire exemptées de toute croyance unique. Non loin de là, juste au dessus de nous, se tient le Mont du Temple, et la Mosquée Al-Aqsa. Je me dis tout à coup que peu d’endroits sur terre sont aussi sacrés- et disputés- que celui où je me tiens.


Pour accéder au Mont du Temple, il faut d’abord passer par un important passage de contrôle de sécurité, et démontrer que l’on n’a aucun moyen de faire de prières juives sur place… Il a été en effet mis en place dans un accord entre israéliens et palestiniens, qu’aucune prière juive sur le Mont du Temple ne serait permise, en raison de la proximité avec la Mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher. Pour les juifs, ce lieu est presque autant voire plus sacré que le Mur des Lamentations, puisqu’il est édifié sur les lieux de construction des premier et second Temples de Jérusalem. Pour les musulmans, il s’agit là du lieu de l’ascension du prophète Mahomet.


Surélevé et à l’abri des bruits de la vieille ville, le lieu est si paisible que je prends quelques instants, assise au milieu de l’esplanade, pour observer en silence ces édifices sacrés. Une aura complexe en émane, une paix presque étrange, alors que l’on sait combien est difficile la cohabitation de ces deux religions, ici…. De loin, je vois des enfants palestiniens entrer librement dans l’esplanade par la Porte des Lions. Etonnée, je demande aux soldats israéliens en faction la raison de cette entrée libre. « Les palestiniens ont le droit d’entrer librement ici, cela figure dans les accords de paix », me répondent-ils.

Je quitte ma parenthèse sacrée et sors de l’esplanade par le quartier musulman, D’une rue à une autre, c’est un autre monde, un foisonnement de populations, de religions et de croyances, de vêtements et de couleurs. Imams, prêtres, rabbins, orthodoxes ou non, russes, israéliens, palestiniens, et tant d’autres nationalités se mêlent et foisonnent dans la vieille ville, et ce, quelque soit le quartier, avec une sorte de fluidité tout à fait inattendue. Une harmonie surprenante fait glisser et frotter les coutumes et les croyances les unes aux autres. Qui pourrait croire aux tensions que l’on entend à la télévision, en voyant ces gens se croiser dans les rues, avec l’habitude dans le regard de côtoyer son « vieil ennemi » ?

Avant de m’orienter vers Jérusalem-est, je m’octroie un petit bol d’air pur en me dirigeant vers le Mont des Oliviers, et ses nombreuses églises russes orthodoxes l’entourant.

Je quitte la vieille ville en empruntant la Via Dolorosa, chemin de croix de Jésus jusqu’au calvaire, sorte de rue tortueuse et douloureuse en effet ! Après une ascension douloureuse en cette chaleur, je profite de la fabuleuse vue depuis le Mont des Oliviers, où, selon le livre de Zacharie, le Messie viendrait ressusciter les morts, d’où l’immense cimetière juif visible au pied du Mont.


De retour à la porte des Lions, je profite d’une pause déjeuner dans Jérusalem Est et la fameuse rue Salah Eddine. Marchands de falafels, salades, pains au sésame font mon bonheur gustatif !

A la porte de Damas, je rencontre deux amies israéliennes, Netta et Noa, m’ayant invitée depuis le Maroc à venir visiter Jérusalem. Netta travaille dans une ONG en lien avec les écoles palestiniennes. Elle donne des cours à des jeunes de Ramallah, et m’invite à l’accompagner.


A Ramallah, il me semble retrouver la même ambiance que dans certaines villes marocaines… Je ne suis pas dépaysée ! Netta m’invite à venir prendre un thé en compagnie de quelques amis palestiniens. Le centre-ville est animé aujourd’hui par des défilés de mouvements de scoutisme palestiniens. Les passants se retournent souvent sur notre passage : très peu de touristes s’aventurent en effet jusqu’ici, surtout depuis les évènements de 2014. Et mon amie israélienne est un ovni en son état, d’établir des liens amicaux avec des palestiniens de son âge… Nous échangeons quelques mots en anglais et des salam-aleikum, un thé à la menthe et des pâtisseries au miel, au milieu des bruits de la ville, des odeurs de falafels et des défilés de passants devant notre curieuse tablée internationale !

Au retour de Ramallah, dans le bus, des soldats israéliens montent contrôler nos papiers. J’ai la mauvaise surprise d’avoir oublié à l’hôtel mon passeport, ce qui me vaut l’ordre de descendre du bus et de passer le contrôle à la douane. J’avais presque oublié qu’il existait une frontière entre Jérusalem-est et Ramallah… Si proche et pourtant si loin.


Pensées et baisers de Jérusalem, la ville ocre aux mille facettes,


Sarah


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